Le dépistage de trois gènes peut-il prévenir 75 % des effets secondaires évitables de certains médicaments?

Le dépistage de trois gènes peut-il prévenir 75 % des effets secondaires évitables de certains médicaments?

Last Updated on avril 3, 2025 by Joseph Gut – thasso

02 avril 2025 – Une nouvelle étude de l’Université Queen Mary de Londres a révélé que 9 % des effets indésirables des medicaments (EIM) signalés à l’autorité britannique de réglementation des médicaments sont associés à des médicaments dont le risque d’effets secondaires dépend en partie des gènes du patient. Parmi ces EIM, 75 % étaient associés à seulement trois gènes qui influencent la façon dont l’organisme assimile les médicaments. Un test génétique avant la prescription pourrait donc contribuer à éviter les EIM dans ces cas.

Au cours des 60 dernières années, le dispositif “Carte jaune” de l’Agence de réglementation des médicaments et des produits de santé (MHRA) a enregistré plus d’un million de signalements d’effets secondaires, également appelés effets indésirables (EIM), liés à des médicaments. Des études antérieures ont montré que plus de 99 % des individus présentent des variantes génétiques susceptibles d’entraîner une réaction indésirable à certains médicaments.

Dans certains cas, ces réactions peuvent être graves et entraîner d’autres problèmes de santé, des hospitalisations plus longues, voire le décès. Le coût des effets indésirables pour le NHS est estimé à plus de 2 milliards de livres sterling par an. L’étude, publiée dans PLOS Medicine et dirigée par le Dr Magavern de l’Université Queen Mary de Londres, a analysé plus de 1,3 million de rapports d’effets indésirables soumis au dispositif Yellow Card de la MHRA. Elle a révélé que 115 789 (9 %) étaient associés à des médicaments dont le risque d’effets indésirables peut être modifié grâce aux informations pharmacogénomiques (PGx) pour guider la prescription. Parmi ceux-ci, 75 % étaient associés à trois gènes qui influencent la façon dont un individu assimile les médicaments (CYP2C19, CYP2D6, SLCO1B1). Il convient de noter que les CYP2C19 et CYP2D6 sont des membres importants de la grande famille de gènes CYP P450, avec un nombre parfois considérable de variants alléliques dans les populations. Le rôle de ces variants dans le métabolisme des médicaments et/ou leurs effets indésirables est analysé dans des ressources telles que PharmKGB et CPIC.

Les médicaments présentant le plus grand nombre d’effets indésirables (EIM) évitables par la personnalisation de la prescription grâce à l’information génétique étaient les traitements des troubles psychiatriques (47 %) et des problèmes cardiovasculaires (24 %). L’étude a également révélé que les patients présentant des EIM atténués par la PGx étaient plus susceptibles d’être des hommes, d’être âgés et de présenter des effets secondaires graves, mais non mortels.

Des essais cliniques ont montré que l’utilisation de l’information génétique pour guider la prescription de manière préventive, par exemple en ajustant la dose ou en choisissant un autre médicament, permet d’éviter les EIM et d’améliorer les résultats pour les patients. Cette recherche souligne le potentiel de l’intégration des tests pharmacogénomiques à la pratique clinique pour rendre les médicaments plus sûrs et plus efficaces pour les patients.

Le Dr Magavern, maître de conférences clinique universitaire du NIHR au Centre de pharmacologie clinique et de médecine de précision de Queen Mary, qui a dirigé l’étude, affirme qu’il est important de comprendre le paysage des effets indésirables signalés à l’échelle nationale au cours des cinquante dernières années afin de comprendre l’impact potentiel de l’utilisation prospective des tests génétiques pour personnaliser la prescription au Royaume-Uni. De même, le professeur Sir Mark Caulfield, vice-principal (Santé) de Queen Mary et co-auteur, a déclaré qu’il s’agissait de la plus vaste analyse du rôle potentiel de la pharmacogénomique dans les effets indésirables, issue d’un système national de déclaration spontanée. L’étude suggère que 9 % de ces déclarations pourraient être liées à notre patrimoine génétique. Ce phénomène aurait pu être évité si nous avions mesuré le patrimoine génétique de la personne avant de prescrire ces médicaments. Il est temps que le NHS envisage d’adopter des tests préventifs pour les gènes connus qui interagissent avec les médicaments.

Cette étude montre comment les déclarations d’effets secondaires suspectés au dispositif “Carte Jaune” peuvent nous aider à mieux comprendre et prévenir les effets secondaires graves, notamment ceux liés à des facteurs génétiques. Le dispositif “Carte Jaune” de la MHRA recueille les déclarations d’effets secondaires suspectés auprès des patients, du public et des professionnels de santé et joue un rôle important dans la surveillance de la sécurité des médicaments au Royaume-Uni. Cette recherche renforce également l’importance de notre biobanque pionnière ” Carte Jaune” avec Genomics England, qui nous aidera à adopter une approche plus personnalisée et proactive de la sécurité des patients et à améliorer la sécurité des médicaments pour tous.

Il va sans dire que thasso avait déjà publié plusieurs articles sur les effets indésirables des médicaments en lien avec les analyses génétiques afin de les éviter (ici, ici, et ici, pour n’en citer que quelques-uns). De plus, l’un des promoteurs de thasso (J.G.) avait déjà déposé en 2005, avec ses collègues de TheraStrat AG, un brevet américain sur le concept dit “médicament et puce”, visant à déterminer de manière prospective la prédisposition génétique des individus aux effets indésirables des médicaments (EIM) avant l’exposition des patients à des médicaments critiques.

Voir ici une séquence sur l’impact de la pharmacogénomique/pharmacogénétique sur les effets indésirables des médicaments:

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Professeur de pharmacologie et de toxicologie. Expert en médecine théragenomique et personnalisé el le sécurité individualisé des médicaments. Expert dans pharmaco- et toxico-génétique. Expert en matière de sécurité humaine de médicaments, les produits chimiques, les polluants environnementaux, et des ingrédients alimentaires.

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