La migraine est bien plus qu’un “simple” mal de tête

Last Updated on mai 18, 2025 by Joseph Gut – thasso

14 mai 2025 – La migraine est bien plus qu’un simple mal de tête et est très pénible pour les personnes concernées. En France, on estime que 1 à 2% de la population générale présente des migraines et beaucoup se plaignent de symptômes parfois graves des jours, voire des heures avant une crise. Un médicament approuvé aux États-Unis peut soulager ces symptômes. Des experts parlent même de changement de paradigme.

Un médicament approuvé aux États-Unis pour le traitement aigu des migraines peut également améliorer les précurseurs des crises de maux de tête. C’est la conclusion à laquelle est parvenue une équipe de recherche majoritairement américaine à l’issue d’une évaluation ultérieure de l’étude d’approbation du principe actif Ubrogepant. En conséquence, cette préparation améliore les symptômes de la phase dite prodromique chez de nombreuses personnes, notamment la sensibilité à la lumière, la fatigue et les douleurs dans la région du cou.

L’Ubrogepant (nom commercial Ubrelvy) est approuvé pour le traitement aigu de la migraine aux États-Unis depuis plusieurs années, mais ce traitement n’est à l’heure actuelle pas autorisé en France. Le principe actif appartient à la classe relativement nouvelle des gépantes ou antagonistes du récepteur CGRP (peptide lié au gène de la calcitonine). Ils bloquent le récepteur d’une substance messagère importante impliquée dans les migraines. Les variations génétiques du CGRP (et probablement d’autres gènes jusqu’alors inconnus) jouent probablement un rôle important dans la susceptibilité des individus à développer une migraine.

Deux médicaments du groupe prévu sont actuellement approuvés en Europe et disponible en France, mais la ils ne sont pas remboursés. Il s-agit des produits Vydura (Rimegepant) et Aquipta (Atogepant).

Parfois des symptômes prodromiques considérables

Il n’existe actuellement aucune thérapie spécifique pour la phase dite prodromique. Cette phase – à ne pas confondre avec la phase d’aura – précède une crise de migraine de quelques heures ou de quelques jours dans environ 30 à 50 pour cent des cas. Elle s’accompagne de symptômes parfois importants tels que fatigue, troubles de la pensée et de la concentration, douleurs au niveau du cou et sensibilité accrue à la lumière et au bruit.

Dans l’étude d’approbation originale de l’ingrédient actif, les participants qui soupçonnaient une crise de migraine imminente ont pris soit 100 milligrammes d’ubrogepant, soit un placebo. L’étude a examiné si l’ingrédient actif prévenait les maux de tête. L’Ubrogepant a été approuvé aux États-Unis en 2019.

Des signes clairs d’amélioration

L’équipe de recherche, dont plusieurs employés du fabricant Abbvie, s’est maintenant concentrée sur environ 500 des participants initiaux pour voir si la prise du médicament dans les premières heures améliorait également les précurseurs d’une migraine, qui est souvent elle-même sévère.

L’étude en fournit des preuves claires. Deux heures après la prise du médicament, la photosensibilité s’est améliorée ou a disparu chez 19,5 % des participants ayant reçu le médicament. Dans le groupe placebo, ce taux était de 12,5 pour cent. Un bon 27 pour cent des patients n’étaient guère fatigués de façon inhabituelle trois heures après avoir pris de l’ubrogepant, contre un peu moins de 17 pour cent avec le placebo.

 L’une des premières études sérieuses montrant une amélioration du prodrome

Environ 29 % des patients ont constaté une amélioration significative de leurs douleurs cervicales à partir de la troisième heure suivant la prise du principe actif, contre environ 19 % du groupe témoin. Et à partir de la quatrième heure, près de 51 % des personnes prenant le principe actif étaient moins sensibles au bruit, contre un peu moins de 36 % prenant le placebo.

” Ce sont des effets cliniquement significatifs “, explique le Dr Maihöfner, médecin-chef de la clinique neurologique de l’hôpital de Fürth, qui n’a pas participé aux travaux. Pour certaines personnes, ces remèdes sont extrêmement efficaces. La publication est une analyse approfondie d’une étude dont le critère d’évaluation principal était la prévention des migraines elles-mêmes.

Cependant, l’enquête a été bien pensée et très approfondie, souligne un porte-parole de la Commission de la douleur de la Société Francaise de Neurologie. Il s’agit de l’une des premières bonnes études à montrer une amélioration des symptômes prodromiques. Cela peut également s’appliquer à d’autres plans.

Un changement de paradigme est en train d’émerger

Les effets secondaires tels que nausées, fatigue ou étourdissements sont survenus rarement et les effets secondaires graves étaient totalement absents. L’équipe écrit que des études sont désormais nécessaires qui se concentrent spécifiquement sur la prévention des symptômes prodromiques.

Ceci est souligné par les médecins traitants de diverses cliniques qui n’ont pas non plus participé à l’étude. Dans l’ensemble, un “changement de paradigme” se dessine: on s’éloigne du traitement aigu exclusif dans la phase de douleur et on se dirige vers une intervention ciblée dans les premiers stades de la migraine. La question de savoir si cette approche sera également adoptée en termes réglementaires dépend d’études complémentaires, méthodologiquement solides.

Retrouvez une séquence sur les aspects de la migraine ici :

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